Supercyclelaboratoire des nouveaux imaginaires mobiles

La résidence 2024

Le projet
Le résidence Supercycle se définit comme un laboratoire des nouveaux imaginaires mobiles. Elle a pour ambition d’explorer les caractéristiques sensibles d’un trajet en véli. Des artistes, créateur.ices sont invité.e.s à voyager à bord de deux vélis, à vivre la route à bord d'un "véhicule ovni", puis créer une ou plusieurs oeuvres qui seront le témoignage sensible de leur expérience. Comment questionner vitesse, confort, puissance, liberté ? Qu’est-ce qu’un trajet en véli crée comme liens entre les passagers et les autres usagers de la route et les passants ? 
Enfin, de quelle manière sommes nous amenés à vivre le paysage à ces vitesses inhabituelles ?
Autant d’idées et de thèmes qui peuvent-être des points de départ pour des artistes/créateurs.

La résidence 2024
15 artistes ont été conviés à se relayer entre fin juin et mi-septembre 2024, entre Mouans-Sartoux (06), et Paris (75), en passant par Brest (29). 

Quels médium ?
Le médium est libre (photo, vidéo, dessin, texte, musique, sculpture, peinture ou autre).

Restitution
À la fin, les créations des intervenant.e.s sont rassemblées au sein d’un corpus d’oeuvres, qui est présenté sur ce site. 
​Une exposition est prévue à l’occasion du 3ème Salon des Véhicules Intérmédiaires, organisé par l’ADEME à Laval, le 10, 11 et 12 décembre 2024.
Toute l’aventure a été documentée par de la vidéo, et sera l’objet d’un petit film documentaire. 


Trajet de la résidence Supercycle 2024. Chaque point noir représente l’arrivée de nouveaux résidents. En pointillés, le retour de Ouessant vers Montreuil (93).


Exposition Supercycle au 3ème Salon des Vélis à Laval (décembre 2024)


Les Vélis

Le contexte
2 tonnes équivalent CO₂ par habitant d'ici à 2050, c’est l’objectif des Accords de Paris sur lesquels de nombreux pays comme la France se sont engagés pour maintenir « l'augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C, au-dessus des niveaux préindustriels”. Aujourd’hui, un Francais émet en moyenne cinq fois plus, c’est à dire 10 tonnes de CO₂ équivalent par an, selon l’ADEME (Agence de la transition écologique). D’ailleurs, le chiffre de 2 tonnes équivalent CO₂, on le retrouve dans le premier post d’émissions crées en France : la voiture individuelle

Les vélis, véhicules légers intermédiaires
C’est dans ce contexte que les vélis apportent une solution intéressante à cette aberration physique qu’est la voiture individuelle : un objet qui pèse 1,2 tonne en moyenne pour transporter bien souvent une personne (71% des trajets sont parcourus à deux personnes ou moins). Les vélis, quant à eux, sont dimensionnés pour répondre à l’usage le plus fréquent : se déplacer quotidiennement sur des trajets jusqu’à environ 20 km, là où les alternatives des transports en commun, la marche ou le vélo ne sont plus envisageables. 
Pour résumer, on dit souvent que les vélis se situent entre le vélo et la voiture. Ils apportent un peu de confort par rapport au vélo, mais ne sont pas disproportionnés comme les voitures. 
Il en existe de plusieurs tailles et formes, à 2, 3 ou 4 roues, et permettent ainsi de répondre à différents types de besoin.
En France, leur développement est soutenu par le programme “Extreme Défi” de l’ADEME. Il existe aujourd’hui une quarantaine de projets de vélis en France recensés sur ce lien. 
Plusieurs sujets sont explorés au sein de l’Extreme Défi : les volets techniques, juridiques et de l’industrialisation en sont des exemples.

Quel imaginaire pour les vélis ?
Parmi ces sujets, on trouve celui de la désirabilité et de l’imaginaire. Il est à mes yeux particulièrement délicat car il revêt une dimension culturelle. En face de lui, le véli a 1,8 milliard d'euros investis dans la pub pour SUV : sa sobriété intrinsèque va aux antipodes de ce qui nous est vendu de force. Il est donc absolument vital, pour accomplir cette transition d’usages énergétiques, de s’intéresser à ce qui peut rendre désirable cette frugalité. Comment et avec quoi troquer le confort ultime d’une 5008 ? 

Derrière ce projet


Qui suis-je ?
Je m’appelle Jean Dard et je suis un designer diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. En troisième années de mes études, je commence à m’intéresser à l’énergie et nos manières de l’utiliser, en me concentrant notamment sur les déplacements. Une année plus tard (2020), j’écris mon mémoire : L’automobile au régime : Enjeux et alternatives de mobilités individuelles motorisées. Il traite de la place qu’a acquise “l’objet voiture” dans nos sociétés occidentales, les problématiques conséquentes et les alternatives naissantes (dont les vélis). 

Avant la fin de mes études, je commence à travailler avec Cédric Carles et son Think-tank citoyen, l’Atelier 21. Je participe au projet Paléo-énergétique, une exploration des anciennes innovations énergétiques, parfois oubliées. En 2021, je rejoins le projet RegenBox (apparu grâce à la recherche cité précédemment), un boitier et un service permettant de charger les piles non rechargeables. 
En 2023, je m’engage dans le projet Vhélio, un véli open-source. Je fabrique deux véhicules dérivés de Vhélio que je nomme Supercyclettes. Avec les Supercyclettes et mes amis, nous traversons la France entre juillet et août 2023, sur 2800 km. Ce périple est le prototype du projet Supercycle.





Projet de résidence financé par





Retour vers le Futur


Collectif Sans Carte (Charlène Dominguez et Jean Gondoux)
Dessins et textes, Aout 2024
À bord du Supercycle, nous avons embarqué avec nous une camera lucida. 
Cet instrument, très apprécié par les explorateurs au 19e siècle, permettait de reproduire la réalité grâce à un système de projection optique. Nous nous sommes donc plongés dans la peau d’explorateurs contemporains, portant un regard critique sur nos sociétés et nos modes de vie. 
Cet outil low-tech nous invite à prendre le temps d’observer et de choisir un point de vue, là où notre téléphone nous incite à produire de nombreuses images qui ne deviendront jamais matérielles. Ce choix a donc aussi influencé notre manière de nous déplacer :  il faut pouvoir s’arrêter et déployer notre table à dessin pour immortaliser le paysage. 
Nous avons documenté notre parcours par le dessin, en insistant sur les lieux, les situations et les scènes de vie qui nous questionnaient et nous interpellaient. En impliquant notre entourage proche par le biais de cartes postales, nous voulions aussi amorcer un échange sur nos rapports à la mobilité et les imaginaires autour de la voiture.